Désolidarisation envers un parent défaillant

Notre combat pour une justice familiale et sociale

Je suis Marine Gatineau Dupré, initiatrice de la loi sur le changement de nom de famille, une avancée législative qui a permis à des milliers de Français de se libérer du poids d’un nom associé à la souffrance. Mais ce n’est qu’une étape dans un combat plus vaste, celui de la justice familiale. Aujourd’hui, je poursuis cette mission aux côtés d’Alicia Ambroise, avec qui j’ai cofondé le collectif Les Liens en Sang, après la création de mon premier collectif Porte ton nom.

Un combat confié par des centaines de Français

Bien que je ne sois pas directement concernée par l’obligation alimentaire, ce combat m’a été confié par des centaines de personnes, souvent marquées par des enfances brisées, qui ont trouvé en moi une alliée grâce à la loi sur le changement de nom. Ces hommes et ces femmes m’ont demandé de continuer à porter leur voix, et je ne peux pas rester indifférente face à cette injustice.

En tant que maman de trois enfants, je refuse de voir notre société continuer à imposer aux générations futures le poids de l’avenir de leurs parents. Les enfants n’ont pas choisi de naître, et il est urgent de faire évoluer nos lois pour garantir leur protection. Il est temps d’affirmer clairement que le rôle des enfants n’est pas d’être le filet de sécurité d’un système archaïque.

Un système qui aggrave les blessures

La loi actuelle reconnaît la possibilité de se désolidariser d’un parent défaillant. En théorie, cela semble juste. Mais en pratique, ce mécanisme est une épreuve insurmontable pour beaucoup. Pourquoi ? Parce qu’il faut prouver la défaillance du parent au moment où l’obligation alimentaire est exigée.

Ces démarches arrivent souvent tard dans la vie, à 40, 50, voire 60 ans, et elles impliquent de saisir un juge des affaires familiales pour démontrer que le parent a été maltraitant ou négligent. Mais comment prouver ce qui est improuvable ? Les blessures d’enfance sont souvent invisibles, et les preuves matérielles inexistantes des décennies plus tard.

Ce processus est une double peine : il force les victimes à revivre leurs traumatismes tout en les confrontant à l’impossibilité de prouver leur souffrance. C’est pourquoi nous proposons un système simplifié et accessible, qui libère les victimes de ces chaînes administratives et psychologiques.

Un héritage d’une loi archaïque

L’obligation alimentaire, issue du Code Napoléon de 1805, reflète une époque où l’espérance de vie n’excédait pas 40 ans et où la solidarité familiale primait faute d’un système de protection sociale. Aujourd’hui, cette loi est une aberration dans une société moderne : elle oblige les enfants à subvenir aux besoins de parents maltraitants ou défaillants.

Elle perpétue une injustice insupportable en frappant des millions de Français, qui, après avoir survécu à des violences, des abus ou des négligences, sont contraints de payer pour ces mêmes parents.

Un exemple concret : Alicia Ambroise et le collectif Les Liens en Sang

Je mène ce combat avec Alicia Ambroise, cofondatrice du collectif Les Liens en Sang, qui incarne à elle seule cette double injustice. Victime collatérale, son père a commis des actes atroces sur sa petite sœur, des actes pour lesquels il a été condamné. Pourtant, Alicia sera confrontée à l’obligation de subvenir au besoin du violeur qui a brisé sa famille. 

Cette situation est intolérable. Elle illustre l’ampleur du problème et montre pourquoi nous devons agir pour que les parents ne puissent plus compter sur leurs enfants comme garantie de leur avenir, surtout lorsque ces derniers ont été des bourreaux.

La désolidarisation : une réforme nécessaire et juste

Nous demandons une réforme équitable et accessible : permettre à toute personne majeure de se présenter devant un notaire, de remplir un formulaire CERFA et de se désolidariser d’un parent défaillant. Une fois la procédure engagée, le parent concerné aurait un an pour contester, à condition de prouver qu’il n’a pas été défaillant.

Ce processus, clair et rapide, mettrait fin à une injustice structurelle qui touche des millions de Français. Il garantirait aux victimes leur droit à une vie libre, sans fardeau administratif ni culpabilité imposée. L’héritage, s’il y en a, sera pour l’État.

Une injustice qui touche des millions de Français

Actuellement, de nombreux citoyens sont contraints de payer pour des parents qui les ont maltraités ou abandonnés. Ils doivent financer leurs soins, leurs vêtements, leurs pensions alimentaires, ou encore les frais d’EHPAD.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un enfant sur dix a été victime d’inceste, un sur huit de maltraitance. Ces victimes ne devraient pas être condamnées à porter le poids des erreurs et des abus de leurs parents.

Repenser la fin de vie pour protéger les générations futures

Nous portons également une proposition complémentaire : instaurer une cotisation sociale individuelle dédiée à la fin de vie. Chaque citoyen contribuerait tout au long de sa vie pour garantir son autonomie financière en cas de besoin. Ce système remplacerait l’obligation alimentaire et soulagerait les familles, tout en assurant une dignité financière à chaque individu.

Les Liens en Sang : une voix pour changer les mentalités

Avec le collectif Les Liens en Sang, Alicia et moi portons la voix de celles et ceux qui n’ont pas les moyens ou la force de se défendre. Ce combat va bien au-delà d’une réforme technique : il s’agit de changer les mentalités et de bâtir une société où le lien familial n’est pas une chaîne, mais un choix.